Libérer la parole
Des années de vécu d’inceste dans le secret, la honte et l’injustice. La parole se libère mais a encore besoin de se libérer. Dans le cadre familial ou avec son entourage, il est, généralement, très difficile de s’exprimer et de mettre des mots sur ce qui a pu se passer.
Aller consulter un spécialiste qui pourra accompagner ce processus de reconstruction peut s’avérer nécessaire, mais aussi, prendre du temps, après, souvent, des périodes où, c’est tellement impactant pour le psychisme, que la personne n’ose en parler et se retrouve enfermée dans un lourd secret.
Des voix se sont élevées
Ces dernières années, des voix se sont élevées médiatiquement. Il y a eu le mouvement #MeTooInceste, Balance ton porc ou encore le livre « La Familia Grande », de Camille Kouchner, dans lequel elle faisait part de son histoire et de celle de son frère jumeau, ce dernier ayant été agressé sexuellement par son beau-père.
De nombreuses personnalités médiatiques et individus de la population en général ont voulu partager leurs témoignages, montrant que ces actes sont fortement répandus et qu’il faut agir. Tel le rugbyman Sébastien Boueilh, la chanteuse Mai Kan ou encore l’animatrice Flavie Flament. Il est souvent inimaginable de penser que ces violences touchent autant d’enfants, et pourtant. Même peu, ce serait trop. La réalité est que, malheureusement, elle touche de nombreux enfants, impactant leurs vies, et également, leurs familles, qu’elles soient dans le déni ou non.
Une réalité dramatique
D’après les chiffres récents, au moins 160 000 enfants, chaque année, subirait en France des violences sexuelles et c’est sans compter tous ceux qui ne l’ont pas déclaré ou n’ont pas osé, ce qui dans ces situations est très fréquent.
Chaque année, au moins 160 000 enfants subissent des violences sexuelles.
Il y a, encore, beaucoup de travail (et d’actions!) à fournir pour aider les victimes et faire en sorte que ce type de situations ne se reproduise plus. Il s’agit, cela a été observé, entre autres, d’une problématique familiale, qui, ce n’est pas obligé, mais arrive, peut se répéter sur plusieurs générations, dans un schéma de répétition traumatique. Et il est essentiel d’aider les victimes à se reconstruire, pour eux-mêmes pour commencer, et c’est aussi partagé par certains d’entre eux, pour que ce fléau cesse.
Oser en parler fait partie de ce qui aide en ce sens. Certains portent, aussi, plainte, quels que soient leurs objectifs, malgré les difficultés de cette démarche. Et après l’éprouvante libération de la parole dans le cadre familial et/ou social, la violence de cette procédure judiciaire est souvent relaté.
Certains s’y accrochent comme un acte essentiel dans leurs reconstruction. Elle devrait, également, leur être facilitée et, toujours, s’accompagner de bienveillance. Un accompagnement de qualité à ce niveau, avec une prise en considération bienveillante et juste de leurs paroles est aussi un droit et un devoir qu’il s’agit de faire exister. Des efforts réels sont réalisés, mais les avancées sont nécessaires sur tous les plans.
Conséquences traumatiques
Beaucoup de victimes ont une telle conscience de l’horreur qu’elles ont vécu, et en ont une telle empreinte, qu’elles développent une forte empathie qui fait qu’elles ne reproduisent pas (cette idée est elle-même, pour elles, horrible). Beaucoup font, c’est essentiel pour elles, en sorte d’aider à ce que cela ne se reproduise pas et n’arrive à d’autres (associations, porter plainte…). Ont les voit, ainsi, agir en matière de prévention ou dans des actions d’aide suite et face à la violence, sexuelle et/ou de toutes autres formes.
Certains, restent, malheureusement, englués dans cette problématique et ont aussi besoin de l’aide nécessaire pour que ces actes ne se reproduisent plus. Les conséquences sont bien réelles, sources de souffrance et, souvent, aussi malheureusement dévastatrices pour la victime et peuvent l’être, aussi, pour d’autres potentielles victimes (des répercussions logiques des traumatismes et parfois, d’autres incestes ou violences sur des proches…). D’où, l’importance d’amener une aide de qualité à tous ceux qui traversent ce type d’épreuves.
Plateformes d’écoute des témoignages d’inceste
Désormais, cela peut être utile et important d’en avoir connaissance, pour inciter les victimes d’inceste à témoigner, deux lignes téléphoniques sont accessibles du lundi au vendredi pour le moment, entre 10h et 19h, à savoir:
- le 0805 802 804 (pour la France métropolitaine)
- le 0800 100 811 (pour l’Outre-mer)
Améliorer l’accompagnement des victimes
Un des buts de cette démarche est d’améliorer l’accompagnement psychologique des individus puis de mettre en place une politique nationale de protection des victimes.
En appelant ce numéro dédié, Edouard Durand, coprésident de la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) explique que les victimes pourront être « entendues par des écoutants expérimentés, en mesure de décrypter les mécanismes des violences sexuelles et la stratégie de l’agresseur, qui connaissent l’impact traumatique qu’elles ont. Des écoutants qui pourront les orienter si elles ont besoin d’une aide, psychologique, sociale ou juridique ».
Les personnes ayant été victimes de ces situations peuvent aussi envoyer leurs témoignages par écrit, si elles le préfèrent (cf. les modalités précisées, ici, sur le site de la Ciivise).
Ne pas rester impuissant
Les victimes pourront, par ailleurs, apporter un retour sur la mise en place de cet accompagnement, sous la forme d’un questionnaire pouvant être rempli, faisant le point sur les mécanismes des violences sexuelles, leurs conséquences et les réponses sociales et/ou judiciaires qui ont été apportées.
Il peut, aussi, bien-sûr, s’avérer important, lorsqu’elles le sentent ou parce que la souffrances ou les blocages dans leurs vies se font trop pesantes et envahissantes, de consulter un ou une psychologue qui pourra prendre le temps avec elles de les écouter dans leurs histoires, qui elles sont, leurs blessures et de les aider à se reconstruire, là où l’aide n’a souvent pas été tellement présente ou exceptionnelle. Ne plus subir ce vécu peut alors être possible, quels que soient le temps et les formes d’aide dont chaque personne aura besoin.
Le savoir peut être un début d’espoir et d’action, étape nécessaire vers une sortie de ce qui est un cauchemar psychique bien réel.
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